le « made in France » passe aussi par le design

Publié par - 7 mai 2016
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« Nous avons fait entrer le design dans la stratégie de l’entreprise pour valoriser ses 200 ans d’existence et le savoir-faire du personnel », explique à l’AFP M. Burnel, dont l’usine emploie près de 210 salariés à Mehun-sur-Yèvre et est spécialisée dans les arts de la table, un secteur traditionnellement conservateur.

Pour surfer sur la vague du « made in France » et se démarquer de la concurrence internationale, il ne suffit pas de coller un logo tricolore sur son produit, souligne auprès de l’AFP un autre industriel, André Bousquet, le président fondateur de Meljac, un groupe spécialisé dans les interrupteurs haut de gamme.

« La France est l’un des pays où la production coûte le plus cher. Si nous faisons quelque chose de banal, nous nous heurtons à une concurrence qui est à nos portes », prévient-il. « Commercialement c’est donc un atout de faire du design et d’être plus attractif pour vendre plus et vendre mieux », assure-t-il.

Un avis partagé par Antoine Fenoglio, cofondateur du studio de design Les Sismo, qui s’est occupé d’actualiser l’image de Pillivuyt. « La création française est naturellement reconnue à l’international. Du coup, c’est une vraie plus-value pour une entreprise française de se démarquer de façon visible », affirme-t-il.

« Il faut valoriser la marque par des produits qui retraceront le savoir-faire », conseille M. Burnel. La démarche porte ses fruits. Pillivuyt, qui était déficitaire, a entamé son redressement, avec un chiffre d’affaires et une marge qui progressent. Au point que la société va se lancer à la fin de l’année sur le marché de détail et ne plus s’adresser uniquement à des professionnels.

« Le design est indispensable pour une bonne raison: nous avons des gens compétents dans nos entreprises et il peut apporter au made in France le coup de patte qui fera que l’on reconnaîtra un produit français », explique le directeur de la manufacture.

 

Le design a toutefois évolué, prévient M. Fenoglio. Il ne se limite plus aujourd’hui à « des cahiers des charges fermés comme dans les années 90 qui exigeaient la fabrication de tel ou tel produit à tel coût ». Une démarche qu’il n’hésite pas à qualifier de « rétrograde ».

Aujourd’hui, « le périmètre de l’intervention est en train de s’élargir. Les entreprises prennent conscience de ce qui se passe dans le contemporain », après avoir observé comment des groupes comme Apple ou la plateforme Airbnb ont intégré avec succès le design dans leur stratégie. « Ils ont démontré que l’impact du design peut être plus important s’il a une place beaucoup plus stratégique dans l’entreprise », affirme le cofondateur des Sismo.

A l’échelon régional, la méthode se révèle aussi payante. En Normandie, Jean-Marie Ravel d’Estienne et Thimothé Lecoq, de la société Le coq toqué, ont réfléchi au design avant même de produire leurs premiers jus de pomme, histoire de se différencier et d’apporter une nouvelle image à un produit traditionnel.

« Nous voulions trouver autre chose que les traditionnelles bouteilles vertes et nous avons choisi de mettre les couleurs tricolores sur les bouteilles » pour leur donner le côté « made in France », racontent-ils.

Enfin, le design a également permis à M. Burnel d’apporter une nouvelle motivation aux salariés de son usine. « En leur expliquant que cette stratégie valorise ce qu’ils font au quotidien, nous avons créé une dynamique globale d’entreprise. Il y a une vraie volonté de montrer notre savoir-faire ».

Publié par - 7 mai 2016
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